2003. Le roman commence par la réception d’une carte postale anonyme sur laquelle sont inscrits 4 prénoms : Emma, Ephraïm, Jacques et Noémie. Ce sont ceux des grands-parents et de l’oncle et de la tante de Lélia, la personne qui la reçoit. Les 4 sont morts décédés à Auschwitz. Tout le livre repose sur la recherche de la personne qui a envoyé cette carte postale.
La première partie raconte l’histoire de ces 4 individus à partir des années 1900. Russes juifs, ils déménagent en Lituanie, en Pologne, en Palestine puis en France et sont déportés à Auschwitz en 1942. Myriam, l’une de leurs enfants, est la mère de Lélia, la réceptrice de la carte. Ayant survécu à ce drame, Myriam décide toute sa vie de garder son histoire sous silence. Comme si elle se sentait coupable d’être la seule restée en vie. L’auteur nous raconte alors l’holocauste avec la manipulation de l’opinion publique, l’aryanisation des entreprises, l’intensification des mesures antisémites, les numerus clausus … Un récit poignant et éprouvant par ses descriptions et faits historiques avérés.
Le passé de Myriam n’est d’ailleurs découvert qu’après sa mort. En parallèle du récit de sa vie incroyable où elle a participé à la Résistance, on suit l’enquête de sa fille et de sa petite-fille – qui n’est autre qu’Anne Berest, l’écrivain de ce roman – pour retrouver l’auteur de la carte postale. Ensemble, elles retournent sur les terres de leur famille, interrogent habitants et criminologue pour restituer l’histoire.
« Motif d’incarcération : Juifs. »
Ce roman constitue une enquête passionnante sur le passé des ancêtres de l’auteur, victimes d’antisémitisme et une tentative de définir ce qui se cache derrière le terme « Juif ». A travers les époques, ce mot semble toujours aussi compliqué et lourd à porter. Par conséquent, le poids de l’histoire restituée ici et très documentée participe à la transmission entre les générations. Il constitue aussi un vrai travail de mémoire et rend compte de l’horreur passée. Pas une seule minute, je ne me suis ennuyée dans ce livre qu’il m’était difficile de lâcher. L’histoire est absolument bouleversante. C’est l’un des meilleurs livres qu’il m’ait été donné de lire dernièrement. Je ne connaissais pas les soeurs Berest jusqu’à très récemment et j’avoue être agréablement surprise, tant par ce roman que par celui de Claire Berest intitulé Rien n’ est noir, différent mais aussi très poignant.