rien n'est noir

Rien n’est noir, Claire Berest

Suite à un violent accident de bus survenu à l’âge de 18 ans, Frida Kahlo se met à peindre parce que c’est tout ce qui lui reste. Elle commence par des autoportraits qu’elle réalise grâce à un miroir fixé au plafond de son lit à baldaquin. Puis elle tombe d’amour pour Diego Rivera, le plus grand peintre du Mexique de l’époque et de vingt ans son ainé. Ils se marient et partent pour les Etats-Unis, au moment de la prohibition. Ce livre raconte sa vie et sa relation tumultueuse avec Diego Rivera, « el elefante » avec lequel elle forme un couple mythique.

Chaque chapitre introduit une couleur avec ses différentes nuances et correspond à une période de la vie de Frida. Le bleu, c’est l’amour et la pureté. Le rouge représente la passion mais aussi le sang. Le jaune renvoie à une période tourmentée où se mêlent la folie et la maladie. Le livre s’achève par la couleur noire.

Une vie haute en couleurs

La vie de Frida Kahlo, c’est une vie de souffrance, une vie de feu, d’amour tout entier. Une vie de couleurs et d’excentricités. Le moins que l’on puisse dire, c’est que cette artiste ne vivait pas à moitié. Entre ses soirées arrosées à la tequila, ses amants et maîtresses qu’elle collectionne, ses extravagances, elle fait tout pour se sentir vivante et oublier les douleurs atroces qui la tenaillent. Oublier les fausses couches à répétition.

Elles ont décidé de repeindre la nuit en violet. Elles veulent du jazz et de l’alcool fort […] – Le jazz, c’est comme une vague, mais au lieu de refluer elle te submerge et, à la fin, tu jouis très fort. – Oui, dit Anita, c’est une syncope collective sans Dieu ! C’est le swing baby ! »

Si son corps martyrisé l’a fait souffrir toute sa vie, l’amour et la peinture l’ont en partie sauvée. Néanmoins, sa dévotion totale pour Diego la fait souffrir aussi. Lui qui ne peut se contenter d’une femme et qui la trompe fréquemment. Tout ce qu’elle fait, c’est pour attirer son attention, susciter son admiration :

« En vérité, rien n’a de couleur devant mes yeux, si je ne partage pas les visions avec toi, c’est un gris qui s’abat, et qui étouffe même les chants des perroquets, il n’y a plus de contours, c’est pour toi que je peins, pour que tu regardes ce qu’il y a dans ma tête, pour que ce soit toi qui achètes un jour mes tableaux de malheur, c’est pour toi que je mange, Diego, pour que tu puisses écouter mon ventre et t’amuser des bruits de caverne que produisent mes intestins, c’est pour toi que je pleure, Diego, sur tous mes tableaux, des larmes toutes figées, pour que tu puisses observer mon coeur, comme dans la Bible il est dit, je crois : ouvre et regarde ton coeur. Tu es mon gosse, mon feu, mon môme, mon âme, j’ai peur que tu ne te laves pas quand je ne suis pas là et que personne ne puisse frotter ton dos. Je suis toujours ta magicienne, non ? et ta Chicuita, qui tient toute petite dans la poche de ton tablier de peintre, et ta martyre en marmelade qui utilise toute sa salive pour te manger de baisers. »

Une vie intense et passionnée

Ses tableaux sont bouleversants de réalisme. Au fil de la lecture on a envie de s’interrompre pour voir les peintures si bien évoquées. Frida est tellement torturée et originale. Entre ses différentes lubies, ses fleurs dans les cheveux et son militantisme exacerbé, elle force l’admiration de tout son entourage. Sa vie entière est vouée à Diego, à l’art et à la passion. Malgré les trahisons, elle pardonne. J’ai beaucoup aimé ce roman biographique car il respire l’art, la sensualité et la féminité. Claire Berest retrace une vie des plus intenses et colorées avec un rythme incandescent !

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *