Vivance, David Lopez

La vivance, c’est la rencontre avec soi-même et avec le monde. C’est l’action de ce qui se vit en nous dans la pureté de l’émotion.

Le narrateur de cette histoire erre beaucoup et nous entraîne avec lui dans un voyage peu commun, sa vivance. Il ne se passe pas grand-chose dans son quotidien jusqu’au jour où une inondation entraîne la disparition de son chat. Il enfourche alors son vélo Séville et sillonne les routes à sa recherche. Et observe le monde qui l’entoure avec une lucidité incroyable.

De nombreuses rencontres

Il se détourne peu à peu de son but et reste ouvert à tout, contemple, se laisse porter au jour le jour et c’est peut-être ce qui lui permet de faire autant de rencontres. Si l’histoire est lente à démarrer – on ne sait pas vraiment à quoi s’attendre, d’ailleurs faut-il s’attendre à quelque chose ? – on comprend peu à peu qu’il n’y a pas réellement de but mais plutôt un cheminement de pensée, une philosophie de vivre dans l’instant présent. Le narrateur fait une expérience avec son vélo, s’y plait, s’équipe, progresse et fait de nombreuses rencontres. Il se déleste de certains poids pour s’ouvrir au monde, écoute les autres qui se confient et leur vient en aide. En les écoutant, il constate que beaucoup rêvent leur vie sans même assouvir leurs désirs et envient sa liberté.

« Depuis que je suis sur ce vélo les autres me parlent tous de leurs désirs inassouvis. Ils sont beaucoup à se construire un horizon, pas si lointain, qu’ils parent d’une aura d’impossibilité, comme pour pouvoir le garder en réserve, sous le coude, un possible, un recours, une promesse. Ça abrite du désespoir, de l’usage de ses dernières forces, lové dans un confort projeté, excusant de rester là. On ne peut être totalement désespéré si l’on conçoit une autre vie possible, là quelque part, derrière la peur. Le verrou est difficile à crocheter. Et le but n’est certainement pas de l’ouvrir, sinon de l’avoir toujours à l’œil. ».

Une philosophie de vie

Le narrateur observe beaucoup la nature, les autres, est à l’écoute de son corps qui se muscle petit à petit. Il prend le temps de s’asseoir et vagabonde beaucoup entre vélo et terrasses. Ce n’est pas un mauvais bougre, il est même souvent drôle et s’invente une vie en fonction de son interlocuteur. La plupart de ses histoires avec ses amis Denis et Noël sont rocambolesques entre cours de strangulation, fête de village et sauvetages extrêmes. Ils sont tous un peu barrés mais le narrateur expérimente, en redemande et apprend beaucoup des autres. Autant il m’a été difficile de rentrer dans ce livre que j’ai trouvé décousu au premier abord, autant j’ai bien aimé par la suite les réflexions pertinentes du narrateur et son envie de vivre intensément.

Ce livre fait partie de la liste des finalistes du Prix Horizon du 2ème roman pour l’année 2024.

« J’affirme vouloir tout savoir d’elle et elle dit non, non c’est faux, personne ne veut la vérité des autres, c’est pour ça que ça existe, la politesse. Je crois comprendre mais je reste perplexe comme pour l’inviter à développer. Elle me fixe d’un œil impassible. Tu resteras avec moi tant que tu penseras avoir un mystère à élucider, elle dit. Elle ajoute que les autoportraits sont fallacieux. On n’est jamais qu’un récit. Ce récit peut changer de narrateur. »

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