Ce sixième tome des Rougon-Macquart nous plonge parfaitement dans les mœurs du milieu politique du Second Empire à Paris entre conseils de l’Empire, cabinet des ministres et boudoirs des intrigantes. On y retrouve Eugène Rougon, qui dès le début démissionne de sa fonction de Président du Conseil malgré les avis contraires puis fait un retour en politique pour changer de stratégie.
Il subit tour à tour des éloges de ses amis puis des trahisons lorsqu’il ne peut plus leur accorder de faveur. Il y a un autre personnage qui est tout aussi important dans l’histoire : Clorinde Balbi, qui n’est autre que la maitresse de Napoléon III et qui a des besoins d’intrigue à n’en plus finir. Manipulatrice et manipulée par Rougon, elle devient sa plus fervente disciple et souhaite démontrer la puissance des femmes ; elle joue beaucoup de ses charmes pour y parvenir.
J’ai trouvé ce roman bien loin d’être captivant, roman à la fois politique et historique qui aurait pu être raccourci. J’admire la force de caractère de Rougon qui ne se laisse pas abattre ni démonter par l’amertume et les autres tant il est un homme d’expérience et connait les rouages de la politique. C’ est un orateur capable d’en déstabiliser plus d’un et de voir que son moment de gloire est passé, qu’il vaut mieux faire profil bas momentanément pour mieux rebondir ensuite.
« Ses muscles de taureau rendaient simplement sa chute plus retentissante, l’écroulement de sa coterie plus vaste. Les conditions mêmes du pouvoir, la nécessité d’avoir derrière soi des appétits à satisfaire, de se maintenir grâce à l’abus de son crédit, avaient fatalement fait de la débâcle une question de temps. Et, à cette heure, il se rappelait le travail lent de sa bande, ces dents aigües qui chaque jour mangeaient un peu de sa force. Ils étaient autour de lui ; ils lui grimpaient aux genoux, puis à la poitrine, puis à la gorge, jusqu’à l’étrangler ; ils lui avaient tout pris, ses pieds pour montrer, ses mains pour voler, sa mâchoire pour mordre et engloutir. […] Puis aujourd’hui, l’ayant vidé, entendant le craquement de la charpente, ils filaient, pareils à ces rats que leur instinct avertit de l’éboulement prochain des maisons, dont ils ont émietté les murs. »