Sidney Orr, écrivain de 35 ans, survit après une lourde chute dans les escaliers et un séjour prolongé à l’hôpital. Il a du mal à réécrire, croule sous les dettes et se sent un poids pour sa femme Grace. C’est alors qu’il achète un petit carnet bleu portugais qui lui fournit l’inspiration d’une multitude d’histoires. Il commence plusieurs récits, lui faisant perdre toute notion du temps et de la réalité.
Pendant ce temps, d’étranges phénomènes surviennent, comme si ce que l’écrivain écrivait se transposait ensuite à la réalité. C’est d’ailleurs un élément que l’auteur avance plus loin dans le roman : les mots écrits peuvent tuer, c’est pourquoi il est important de les choisir avec soin pour ne pas que le pire se produise. C’est par exemple en imaginant une tromperie entre Grace et leur meilleur ami John qu’elle s’avère peut être, que toute la situation se dégrade et vire au cauchemar.
« Il avait découvert que les mots pouvaient tuer. Les mots pouvaient altérer la réalité et, par conséquent, ils étaient trop dangereux pour être confiés à un homme qui les aimait par-dessus tout. »
Il existe de multiples histoires dans l’histoire, qui sont inspirées des lectures et trouvailles quotidiennes de Sid et qui nous interrogent beaucoup sur l’imagination d’un écrivain.
C’est la première fois que je lis Paul Auster et j’ai trouvé l’auteur américain captivant et très original ! Il sait nous transmettre toute une palette d’émotions et nous embrouiller comme il le fait avec son personnage principal. Cet auteur nous emmène avec brio dans les méandres de l’imagination, si bien qu’on partage son incompréhension et ses doutes. A la fin, on ne sait plus vraiment ce qui est réel ou fictif. Les pouvoirs de la littérature sont ici détournés et nous laissent à la fois confus et subjugués. Un état de double conscience, est-ce cela qui permet à un écrivain d’écrire ?