Ce qu’il faut de nuit, Laurent Petitmangin

Un père élève seul ses 2 fils dans un petit village en Lorraine, suite à la mort de leur mère. Gillou étudie science po, tandis que Fus, le plus grand, devient facho. Jusqu’au moment où ça dérape.

Les dialogues entre Fus et le père, auparavant si complices, sont rompus. Leur amour pour le deuxième frère les maintient difficilement. Et puis il y a Jeremy, l’ancien meilleur ami de Fus qui s’occupe du petit Gillou et le tire vers le haut. Dommage que Fus ait viré de bord, il était pourtant très prometteur. Est-ce dû à la mort de sa mère, à la difficulté pour un père de tenir le cap et de joindre les 2 bouts ? Et si le père avait tout de même sa part de responsabilité dans ce qui arrive à son fils ? D’abord honteux de la prison à laquelle son fils est promis, il commence par le rejeter. Progressivement, il se met à sa place, souffre avec lui, essaie de comprendre. A aucun moment il n’y a de décision facile, de leçon donnée ou d’histoire irréaliste où tout est bien qui finit bien. Il s’agit au contraire d’un récit juste, empreint de sensibilité et totalement bouleversant.

« Elle était issue d’une famille de polaques qui s’était installée en Moselle entre les deux guerres. Elle militait au FN depuis ses quatorze ans, « comme papa ». C’était toujours fascinant de voir comment des gens pouvaient se sentir aussi vite partie prenante d’une histoire, plus français que les Français, encore gorgés de bondieuseries et de traditions de leur coin d’origine, et, avec la même ardeur et la même obstination, comment ils refusaient un pareil droit à tous ceux qui arrivaient après eux. »

C’est une très belle histoire de père, de fils et de transmission des valeurs qui se déroule dans les petits villages lorrains qui ont bercé mon enfance. Un récit profond et émouvant à découvrir qui traduit les potentielles fractures d’une famille unie dépassée par les événements.

« Est-ce qu’on est toujours responsable de ce qui nous arrive ? Je ne me posais pas la question pour lui, mais pour moi. Je ne pensais pas mériter tout ça, mais peut-être que je méritais bel et bien tout ce qui m’arrivait et que je n’avais pas fait ce qu’il fallait. »

 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *