Pot-Bouille n’était initialement pas prévu dans la série des Rougon-Macquart. Zola l’a écrit pour dénoncer les paradoxes de la morale bourgeoise. Ici, l’hypocrisie et la malhonnêteté transpirent à travers les murs de chaque appartement d’un immeuble de la rue Choiseul à Paris. C’est l’Assommoir pour les bourgeois.
Un immeuble « respectable »
Nous pénétrons dans cet immeuble aux côtés d’Octave Mouret, fraîchement débarqué de Marseille. Il est décidé à faire fortune dans le commerce des étoffes, le fameux « Au Bonheur des Dames ». Accueilli par l’architecte Campardon, celui-ci lui fait comprendre qu’il se trouve dans un immeuble respectable. Par conséquent, il ne doit donc pas y ramener de femme. Très rapidement, il n’y a pas une femme au sein-même de l’immeuble qu’Octave ne soit parvenu à séduire.
Des apparences trompeuses
Mais Octave Mouret n’est pas le seul à blâmer, il est juste moins discret que ses voisins. Chez ces bourgeois, tout n’est qu’apparence et chacun est en éternelle représentation. Tous ces personnages sont absolument grotesques, dénoncent les débauches alors même qu’ils sont tous coupables et porteurs d’un vice différent. Il y a les jeunes filles à marier absolument avec leur mère détestable à souhait, l’attente des héritages, les adultères en masse… C’est la société dans ce qu’elle a de plus laid et de plus immoral que Zola souligne en alignant les locataires un à un. Nul n’est épargné, des bourgeois aux bonnes qui répandent elles aussi une débâcle d’égouts, dans le mépris le plus total.
Il n’est pas toujours évident de s’y retrouver avec tous ces personnages et à suivre toutes ces intrigues. Au final, on réalise vraiment que tous sont hypocrites et que l’adultère est omniprésent dans la bourgeoisie. Il n’y a pas de morale et nous constatons avec effroi un éternel recommencement dans le quotidien de cet immeuble. Zola est en forme et déborde d’ironie dans ce huis-clos qui atteint son paroxysme dans le dernier chapitre, pour notre plus grand bonheur !
« C’était, en elle, un appétit grandissant de liberté et de plaisir, tout ce qu’elle se promettait dans le mariage étant jeune fille, tout ce que sa mère lui avait appris à exiger de l’homme. Elle apportait comme un arriéré de faim amassée, elle se vengeait de sa jeunesse nécessiteuse chez ses parents, des basses viandes mangées sans beurre pour acheter des bottines, des toilettes pénibles retapées vingt fois, du mensonge de leur fortune soutenu au prix d’une misère et d’une saleté noires. Mais surtout elle se rattrapait des trois hivers où elle avait couru la boue de Paris en souliers de bal, à la conquête d’un mari : soirées mortelles d’ennui, pendant lesquelles, le ventre vide, elle se gorgeait de sirop ; corvées de sourires et de grâces pudiques, auprès des jeunes gens imbéciles ; exaspérations secrètes d’avoir l’air de tout ignorer, lorsqu’elle savait tout ; puis, les retours sous la pluie, sans fiacre ; puis, le frisson de son lit glacé et les gifles maternelles qui lui gardaient les joues chaudes. »
Coucou !! Je l’ai lu il n’y a pas très longtemps, je sais pas quand j’en publierai la chronique, mais j’avais beaucoup aimé l’hypocrisie générale des bourgeois·es, et, de l’autre, la division autant spatiale que sociale avec les domestiques. J’ai pris une vingtaine de pages de notes et de citations pour ne pas m’y perdre 😉
@Lybertaire Coucou et merci pour ton avis ! C’est sûr qu’il vaut mieux prendre des notes avec Zola pour s’y retrouver 😉 Moi aussi, et la manière dont tout cela est traité avec beaucoup d’ironie. Au plaisir de lire ta chronique !