Une jeune fille, née de quatre ou cinq générations d’ivrognes, le sang gâté par une longue hérédité de misère et de boisson, qui se transformait chez elle en un détraquement nerveux de son sexe de femme. Elle avait poussé dans un faubourg, sur le pavé parisien ; et, grande, belle, de chair superbe ainsi qu’une plante de plein fumier, elle vengeait les gueux et les abandonnés dont elle était le produit. Avec elle, la pourriture qu’on laissait fermenter dans le peuple, remontait et pourrissait l’aristocratie.
Nana est la fille de Gervaise et Coupeau, la blanchisseuse et le zingueur au destin tragique dans l’Assommoir. C’est une grande séductrice, une cocotte qui devient demi-mondaine et connaît une vie de luxe, entretenue par de nombreux amants. Elle n’hésite pas à gaspiller l’argent, à tout détruire et à ruiner ses prétendants.
Au diable les valeurs, personne ici n’en a ! Tous se plient à ses moindres désirs, les jeunes comme les moins jeunes, les hommes comme les femmes, causant leur perte. Pourtant, elle affiche un grand mépris pour les hommes et l’argent. Elle a un fils qu’elle fait garder par sa tante et dont elle s’occupe très peu. C’est une femme très orgueilleuse, complètement instable et folle. Et pourtant… Qui ne souhaite pas l’épouser ? Elle exerce un pouvoir d’attraction incroyable sur les autres. Tout au long du roman, on sent bien que le destin de cette femme devenue légende sera lui aussi tragique, comme bien souvent avec Zola !
Ce 9e tome des Rougon-Macquart nous plonge dans le monde des cocottes, du théâtre et de la fête. Certains personnages sont récurrents comme Muffat – le vieux comte dévot – le très jeune George, son frère Philippe ou Satin la prostituée. A côté de ceux-ci, il y a beaucoup trop de personnages qui viennent selon moi, parasiter le roman. Tous érigent Nana au rang d’idole. J’ai pour ma part eu du mal à terminer ce livre où luxe et paresse dominent sans grand rebondissement.