Les choses humaines Karine Tuil

Les choses humaines, Karine Tuil

Quelle est la définition du consentement ?

Donner la permission pour que quelque chose se passe. A l’ère de #sciencesporc et pour le roman, six mois après l’Affaire Weinstein, la parole se libère et les femmes osent raconter ce qui leur est arrivé.

Ce roman, c’est celui d’un procès pour viol. L’accusé : Alexandre Farel, jeune étudiant brillant à qui tout réussit, fils du célèbre journaliste Jean Farel. Ce même Jean qui fait constamment pression sur son fils pour qu’il se dépasse. La victime : Mila, la fille du nouveau compagnon de la mère d’Alexandre, juive pratiquante et réservée. Le procès est très médiatisé et leurs vies intimes sont disséquées et banalisées pour énoncer tous les faits. L’avocat de la défense établit une plaidoirie redoutable pour que l’accusé soit jugé d’après ses actes et non en tant que bouc émissaire de « cette folie de la délation de la société » qui l’a déjà condamné d’avance.

Qui croire ?

Il est difficile de croire l’un ou l’autre, tant leurs versions et leur sincérité semblent authentiques et leurs vies déjà gâchées. Pourtant, il y a des incohérences des deux côtés mais aussi des violences subies de part et d’autre. Karine Tuil nous interroge sur ce qu’est un viol de manière extrêmement sincère et les subtilités à prendre à compte. Elle nous captive dès les premières lignes et nous offre une conclusion bluffante et grandiose, à l’image du roman. J’avais adoré L’invention de nos vies et ce roman confirme une fois de plus son talent !

« Comment basculait-on ? Ce qui s’exprimait dans les salles d’un tribunal, c’était le récit d’existences saccagées, c’était la violence, les blessures d’humiliation, la honte d’être à la mauvaise place, d’avoir cédé aux déterminismes, au désir, à l’orgueil ; d’avoir commis une faute, une erreur de jugement ; d’avoir été léger, cupide, manipulé, manipulable, impuissant, inconstant, injuste … d’avoir souffert ou fait souffrir ; d’avoir fait confiance, par aveuglement, amour, faiblesse ; la honte d’avoir été violent, égoïste, d’avoir volé, violé, tué, trahi ; de s’être trouvé au mauvais endroit, au mauvais moment, de payer pour son enfance, les erreurs de ses parents, les abus des hommes, leur propre folie ; la honte de dévoiler sa vie, son intimité, livrées sans conditions à des inconnus »

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