Merci aux éditions Préludes et à Babelio pour cette découverte qui offre une belle leçon de résilience.
La seconde guerre mondiale dans le Sud-Ouest de la France
Ce roman-choral nous plonge en pleine deuxième guerre mondiale, dans le quotidien des Lenoir, une famille de notables bordelais. Celle-ci est contrainte d’héberger un officier allemand alors qu’elle est, comme bon nombre de Français alors, hostile à l’envahisseur. Les époux surnomment d’ailleurs cet invité l’indé – indésirable – bien avant que Noémie, l’épouse, n’en tombe amoureuse. En parallèle de cette histoire, il y a celle, en 1946, d’une fillette retrouvée seule et devenue totalement amnésique, qu’il faut aider.
La complexité des sentiments
Il est intéressant de voir combien chacun est tiraillé entre des sentiments contradictoires : les Lenoir, qui cachent des Juifs et abritent un officier allemand sous leur toit, ce même officier qui éprouve des doutes et ne cautionne pas la politique raciale de Hitler,
« la question qui se pose parfois à moi, et je suppose à nombre de citoyens-soldats de toutes nationalités, c’est la limite de ce que je suis capable de faire pour mon pays tout en restant en accord avec mes convictions et ma conscience »
l’amour pour l’ennemi, pas facile à s’avouer alors qu’on s’implique dans la résistance. Les résistants d’ailleurs, sont nombreux et agissent dans le secret et la méfiance comme on peut l’imaginer sous le régime de Vichy ; ils sont à la fois fiers d’aider leur pays et terrorisés ; ils rusent pour ne pas se faire démasquer.
Le roman possède une grande force d’évocation : l’auteur utilise avec justesse les mots pour décrire certaines situations et émotions d’une grande intensité. L’histoire est très prenante, troublante et d’un réalisme absolu. Une belle surprise !
« Nous portons un habit caméléon. Nous changeons de couleur selon qui nous regarde. C’est assez perturbant, car il ne faut pas que l’on se trompe de rôle. On a un type de texte pour chaque facette de notre personnage. Je suis parfois la femme du docteur, pour d’autres, la patronne, ou encore la résistante et, par ailleurs, une maman qui doit répondre aux questions de ses enfants sur cette période compliquée. Pour couronner le tout, je suis aussi la maîtresse d’un Allemand. »