Elise, Marcel Sel

Entre 1940 et 1985

Elise est allemande et fait partie des 15 goûteuses d’Hitler. François, prisonnier de guerre français, est envoyé chez une baronne pour accorder son piano et accompagner Elise au chant. Le livre débute par le viol et l’assassinat des goûteuses d’Hitler en janvier 1945, lorsque l’armée russe s’empare d’une partie de l’Allemagne. Tout au long du livre, le décompte des goûteuses violentées par les Soviétiques est raconté par Elise. Ce faisant, elle tente de s’échapper mentalement en se remémorant les années précédentes et son histoire avec François. Fervente admiratrice d’Hitler comme bon nombre d’Allemands, elle déchante au fur et à mesure des découvertes sur le Führer et des traitements infligés aux Juifs et à ses armées. Pourtant, juste avant d’être abattue, elle crie Heil Hitler ! Ce dernier acte obsède pendant 40 ans François, qui a survécu. Il décide de retourner à la Tanière du Loup pour comprendre les derniers mots d’Elise. Nous sommes en 1985 en RDA  aux côtés des communistes puis sur les terres de l’actuelle Pologne, où tout a changé.

Un devoir de mémoire

Ce roman est à la fois très beau, très dur et d’une grande humanité. Il alterne les voix de François et d’Elise, et les époques de 1940 à 1985. Il faut donc s’accrocher pour suivre mais l’histoire est si bien construite et bien documentée ! L’auteur aborde beaucoup de questions non conventionnelles telles que la manipulation des jeunesses hitlériennes via la construction de l’idéologie nazie et la peur, les actes de résistance de certains Allemands, les viols des femmes par les soldats, aussi bien Russes qu’Allemands … L’envie de raconter ce qui s’est passé comme un devoir de mémoire sera le fil conducteur du roman.  Je recommande vivement la lecture de ce roman qui n’était pas loin de remporter le prix Horizon 2022… Il est d’une grande richesse historique avec la musique en toile de fond et comme acte de résistance. Il m’a donné envie de découvrir Rosa, un autre roman historique de l’auteur, qui se déroule en Italie et évoque le fascisme.

Imagine que tu fais un rêve. Dans ce rêve, tu as 16 ou 17 ans. On t’a placé dans un groupe solidaire et formidable. On t’a dit que tu étais avec les meilleurs. On t’a inculqué une culture supérieure à toutes les autres. On t’a montré Dieu sous les traits du Führer. Et ça, depuis ta première primaire. Notre Führer. Notre Grand Monsieur. Heil Hitler ! Tous les jours. Dix fois par jour ! Alors, tu suis les autres, tu penses comme eux. Plus tu penses comme eux, plus tu montes dans l’estime des chefs. Evidemment, tu es persuadé que tout ce que tu fais est normal, moral, et même héroïque ! Et puis, un jour, tu sors du rêve, tu vois tout ça d’en haut, tu découvres la vérité nue, sans la propagande, sans la doctrine… Et là, tu te rends compte que ce rêve était un cauchemar et que le monstre du cauchemar, c’était toi…C’était moi !

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