Connemara, Nicolas Mathieu

« Aux abords de la quarantaine, l’aveu leur coûtait, mais il fallait bien admettre que l’avenir ne leur appartenait plus tout à fait et que le temps faisait son poids. Sans préciser beaucoup, ils s’étaient subrepticement montré des blessures, ecchymoses banales et coups durs qui figuraient à presque tous les bilans. Le taf, les parents, les gosses, l’amour, l’intime merdier qui ne va jamais bien pour qui que ce soit. »

Hélène a 40 ans, 2 filles, un job de consultante RH et vit dans une maison d’architecte près de Nancy. Christophe, la quarantaine, ancien champion de hockey, vend des croquettes pour chiens, est divorcé et vit avec son fils et son père dans le même bled que celui où il a grandi. 20 ans auparavant, ils s’étaient imaginé un destin tout autre, plein d’avenir et de possibles. C’est à force d’acharnement qu’Hélène a réussi à échapper à son milieu social qui lui faisait honte et fait de brillantes études. Christophe a privilégié les sorties, les copains et s’est offert une petite vie peinarde.

« Deux ans plus tôt, ses parents lui semblaient indiscutables et quasi transparents. Désormais, elle ne voit plus que des détails qui clochent. Sa mère parle trop fort, son père traîne des pieds, ils ont des colères déplacées, des rires qui détonnent, une sorte de laisser-aller qu’ils appellent se détendre et qui parfois lui donne envie de se planquer dans un trou. »

Nostalgie, quand tu nous tiens

A l’heure des retrouvailles, on note une pointe d’amertume et de désillusions en constatant qu’on n’a pas vu les années passer. C’est tout simplement la vraie vie que Nicolas Mathieu décrit avec ses petites imperfections et surtout la nostalgie. Nostalgie qui est brillamment évoquée avec Connemara, la chanson de Sardou, qui est entonnée à plusieurs reprises dans le roman et qui résonne pour beaucoup. Comme une envie de tout recommencer et de rattraper le temps perdu. Ces personnages, ça pourrait être vous ou moi, tellement ils semblent réalistes.

Au-delà de la nostalgie et des relations familiales et amoureuses, l’auteur brosse un tableau peu flatteur mais assez réaliste du travail dans notre société à l’ère de l’affaire McKinsey.  On se retrouve très vite embarqué dans le récit, terriblement d’actualité. Je l’ai trouvé bien moins fataliste que leurs enfants après eux (que j’avais aussi beaucoup aimé) et plus lumineux.

« Ils étaient encore si jeunes, si bien taillés pour la réussite, tellement au diapason de leur époque. »

 

2 réflexions sur “Connemara, Nicolas Mathieu”

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