Ame brisée, Akira Mizubayashi

Ame : petite pièce de bois interposée dans le corps d’un instrument à cordes, entre la table et le fond pour assurer la qualité, la propagation et l’uniformité des vibrations.

Tokyo, 1938. Alors que la guerre sévit au Japon, un quatuor de musiciens sino-japonais joue Rosamunde de Schubert. Parce que la musique est universelle et n’a pas de frontière. Le petit Rei, 11 ans, accompagne son père pendant sa répétition lorsque des soldats surgissent, persuadés que le groupe complote. L’enfant a tout juste le temps de se cacher dans une armoire quand son père Yu est arrêté. C’est la dernière fois qu’il le verra. Rei est sauvé grâce au lieutenant Kurokami, grand mélomane qui lui confie le violon brisé de son père. Toute sa vie sera façonnée autour de cet événement traumatisant et de ses protagonistes. Il deviendra luthier et vivra en France pour tenter de réparer ce violon, un Nicolas Vuillaume au son incroyable, injustement saccagé par un soldat.

Ce livre émouvant constitue un vrai chemin de vie, motivé par un épisode traumatique de l’enfance. Il souligne le déracinement et l’impossibilité de faire le deuil de son père. La musique et la littérature y sont omniprésentes et capables de réveiller les souvenirs les plus enfouis. L’histoire souligne aussi le côté absurde et barbare de la guerre, à travers la destruction d’un magnifique violon, un geste totalement dénué de sens. Encore une fois, il s’agit d’ un roman japonais à la fois sensible et lumineux, qui signe une lente reconstruction. Il a obtenu le Prix des Libraires en 2020.

« Il se rendait trop bien compte que tous les cœurs du monde, retirés dans leur solitude intranquille, étaient semblables à des monades impénétrables, repliées sur elles-mêmes ; qu’ils étaient finalement comme tous les corps du monde séparés les uns des autres, si douloureusement étrangers les uns des autres. »

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