Quand tu écouteras cette chanson, Lola Lafon

« Certains objets sans valeur nous sont intimement précieux. Ils témoignent d’un être, d’un amour, d’un lieu qui n’est plus. On ne peut supporter l’idée de les perdre, mais on a du mal à les regarder, tant leur pouvoir d’évocation est puissant ».

Une médaille dorée frappée du portrait d’Anne Frank a été offerte à Lola Lafon par sa grand-mère Ida lorsqu’elle avait dix ans. Elle lui a fait la promesse de la conserver à jamais. En 2021, Lola passe une nuit seule dans le musée d’Anne Franck à Amsterdam, dans l’Annexe où la petite fille et sa famille ont passé deux ans cachés. Grâce au courage d’employés travaillant à l’étage du dessous et ayant œuvré pour la survie de cette famille.

Une nuit au musée Anne Frank

Durant cette nuit, elle fait le récit d’Anne Frank comme on la connaît trop peu. Elle évoque sa soif de livres et de connaissances, son quotidien, ses angoisses mais aussi les négationnistes de son existence, les exploitations qui ont été faites de son journal et ses diverses adaptations selon les pays pour coller à la culture locale. Si au début son père Otto, seul survivant de la famille, hésite à lire son journal, il sait aussi que sa fille désire être lue.

Cette nuit au musée à revivre l’histoire d’Anne, c’est aussi l’occasion pour Lola d’affronter enfin son histoire d’exilée, celle qu’elle a souhaité ignorer pendant des années car trop lourde à porter. Cette nuit, c’est l’occasion de rassembler ses souvenirs, de réunir les objets auxquels elle tient tant et de les lier entre eux. C’est aussi le moment de se pencher sur le passé de sa famille, de sa grand-mère et sur une part d’histoire que tout un peuple a partagé.

Ce récit est incroyablement puissant. Au début, je souhaitais le lire d’une traite, comme cette nuit que Lola Lafon a passée au musée. Et finalement, il est tellement intense et chargé en émotions qu’il vaut mieux prendre son temps. C’est à la fois une autre découverte d’Anne Frank et un devoir de mémoire rendu à de nombreux exilés. Terriblement émouvant et nécessaire. Dans la même veine, voici une autre histoire juive qui m’a également beaucoup émue.

« Les enfants ont peur de l’obscurité, de la solitude, des fantômes et des monstres. Au cinéma, ils se couvrent les yeux de la main en entrouvrant les doigts, pour voir un peu de ce qu’ils redoutent. En grandissant, nous perdons en courage : nous détournons le regard. Nous passons. »

« La mémoire ne vaut rien si on la sollicite, il faut attendre qu’elle nous assaille » Louise Bourgeois

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