« Du doigt, je suis mon orientation sur le plan de Paris. « Vous êtes ici », indique le point rouge. Je suis ici. Oui, en un sens. Je suis ici en ce matin d’automne. Mais je suis là-bas aussi, dans une allée de campagne, ma main dans la tienne. Je suis ici, et ailleurs, dans mon imper fumant sous le vent d’automne, comme dans ma robe à smocks, quarante ans en arrière. Je suis avec toi. Je suis sans toi. »
Constance a 23 ans lorsqu’elle perd son père. Jacques faisait partie de l’intelligentsia de gauche des années 1968. C’était un prof passionné qui a su lui transmettre force et courage. Parce qu’il en faut du courage, en 1976 pour avouer son homosexualité, encore considérée comme une maladie mentale, passible de prison. C’est seulement en 1981 qu’apparaît le Sida, la plus grande catastrophe sanitaire que l’humanité ait connue. Jacques en a été l’une des premières victimes.
La liberté d’être soi-même
Constance raconte son enfance et imagine ce qui a pu se passer dans la tête de son père avant qu’il ne consente à s’accepter. Qu’il n’accepte son désir pour les hommes et de vivre avec Ivan. Elle convoque ses souvenirs près de 40 ans après sa mort. C’est une ode à tout ce que fait son père, ces petits riens qui pourtant le caractérisent si bien, cet amour incommensurable, cette liberté qu’il lui a transmise. Elle se souvient des derniers instants passés avec lui, de son refus de voir la mort venir pour se protéger et de la culpabilité qu’elle a ressenti pendant des années.
C’est finalement un roman très lumineux et une déclaration d’amour teintée d’admiration d’une fille pour son père. Le rythme régulier et les courts chapitres, à la fois nerveux et poétiques, traduisent une émotion palpable de l’auteur. Une envie furieuse de vivre libre et d’être soi-même.