Les secrets de ma mère, Jessie Burton

Qui suis-je ? C’est la question que se pose Rose Simmons à 34 ans. Au moment de savoir ce qu’elle souhaite faire de sa vie, qu’elle a l’impression d’avoir ratée. Au moment de fonder une famille avec son compagnon Joe. Elle cherche à retrouver sa mère, Élise, qui l’a abandonnée bébé. Le moyen pour elle peut être de se retrouver elle-même. Elle part sur ses traces en contactant Connie, la dernière personne à l’avoir vue.

30 ans plus tôt, Elise et Connie se rencontrent et tombent amoureuses. Alors que la première est très jeune et un peu paumée, la seconde est une écrivaine à succès. Entre elles, c’est le coup de foudre. Puis l’adaptation au ciné d’un de ses livres les poussent à partir pour Hollywood, au cœur des faux semblants. Là où plus rien ne sera pareil et où une décision va bouleverser leur vie.

Je reconnais que cette histoire nous transporte facilement entre 2 époques. On découvre le milieu littéraire et celui du cinéma, où les relations sont bien différentes de celles de la vraie vie. Il est aussi question de création artistique et des difficultés de la maternité. J’ai bien aimé suivre en parallèle Rose et Elise, deux femmes qui ne se sentent pas à leur place. Deux femmes qui sont, comme on le découvre rapidement, mère et fille. Pour changer de vie, il faut beaucoup d’audace et de volonté. Ces deux femmes, en quête d’identité, se révèlent finalement courageuses et assez similaires malgré tout. C’est un roman limpide avec des portraits de femmes puissants et attachants qui m’a convaincue de lire d’autres livres de Jessie Burton.

« On dit souvent d’une femme qu’elle est insensée de se prétendre maîtresse de son temps. Son corps a d’autres projets en réserve. Quand il s’agit des enfants, les gens répètent bêtement : « Ce n’est jamais le bon moment » – mais je rétorquerais qu’il peut aussi y avoir de mauvais moments. Quand il n’est pas question de leur propre corps ou de leur propre vie – de leur temps à eux -, les gens ont tendance à généraliser allègrement, voire à prioriser le mythe du bébé parfait au détriment des existences intriquées qui évoluent déjà sur cette planète.  »

« Je sais que nous pleurons tous ce qui nous a échappé ; un amant, un enfant. Une vie différente. Mais par bien des manières, ma vie avait été un fantôme. Je devais la solidifier, si je voulais un jour bâtir une existence pour quelqu’un d’autre. »

« Je n’éprouvais aucune sympathie envers moi-même. J’avais honte de mon immobilisme et de mon incompétence – -parce qu a dire vrai tout le monde a connu des pertes, des hontes, des pensées obsessionnelles, mais ces gens-là paraissent pourtant s’en sortir. Ils y parviennent, j’ignore comment – ils avancent, ils se fabriquent une vie bien à eux. Je ne m’en étais pas sortie, moi. J’étais captive du fantôme d’une femme, et d’un compagnon qui vivait dans son propre univers fantasmé, et je n’avais rien accompli dans ma vie. Je n’avais pas de Molly, je n’avais pas pléthore d’abonnés Instagram, ni de livre à mon nom, ni de femme avec qui habiter au bord de la mer. « 

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