livre un si gros ventre avec tasse de café

Un si gros ventre, Camille Froidevaux-Metterie

La philosophe Camille Froidevaux-Metterie tente de penser ce qui ne se pense pas : le corps enceint. En immersion dans une maternité, elle a souhaité restituer les ressentis et raisonnements de femmes enceintes pour proposer des réflexions permettant de se réapproprier ce corps.

Si chaque expérience est profondément individuelle, il est évident que la société et ses injonctions sont omniprésents dans cette aventure qu’est la grossesse. Et qu’il n’y a rien d’évident ni de naturel dans le fait de l’apprécier.

Ce livre est assurément féministe puisque l’auteur postule, comme Simone de Beauvoir, un écartèlement des femmes entre l’objectivation-aliénation de leur corps dans le système patriarcal et leur libération-réappropriation au travers des luttes et de la pensée féministe. Celui-ci se vérifie dans la plupart des témoignages qui traduisent par ailleurs une diversité de ressentis, des plus enthousiastes aux plus angoissés.

L’auteur y explore des sujets qui feront forcément écho pour beaucoup de personnes enceintes, comme les angoisses et dissimulations du premier trimestre, malgré les effets pénibles associés, les fausses couches silencieuses ou les fameuses MAP (menaces d’accouchement prématuré), l’effacement de la femme au profit de la fonction qu’elle est en train de remplir dès lors que son ventre est visible, les sentiments contradictoires et autres nombreuses injonctions subies.

J’ai trouvé cette étude intéressante car elle montre un panel d’émotions souvent tues auxquelles on peut facilement s’identifier ou trouver son contraire. On découvre aussi que peu à peu, des alternatives à la surmédicalisation de la grossesse sont mises en place en vue de libérer les corps, ce qui constitue une avancée importante. Certains témoignages sont absolument bouleversants. Je remercie Babelio et les éditions Stock pour l’envoi de cet ouvrage inspirant.

« La maternité n’est pas objet de philosophie, pas même objet de réflexion. Elle se présente comme une évidence arrimée à la condition féminine, son socle « naturel » et indéboulonnable : les femmes portent les enfants et les font naître, c’est leur destin ! Les neuf mois de gestation et l’accouchement qui les clôt sont ainsi réduits à une séquence mécanique de fabrication de la vie durant laquelle les femmes sont ramenées à l’état animal de reproduction. La grossesse ne se questionne pas, elle se vit! Il en va ainsi depuis les origines antiques de la philosophie et l’exclusion des femmes du champ de la pensée. « 

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