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Grand frère, Mahir Guven

Avez-vous déjà observé la société à travers les yeux d’un chauffeur Ubber ? C’est ce que propose Mahir Guven dans cette histoire qui a obtenu le prix Goncourt du premier roman. Il nous happe dès la première page avec sa langue truffée d’argot et son style direct. Chaque chapitre nous plonge dans la tête de deux frères syriens : Grand frère, c’est celui qui est chauffeur de VTC à Paris. Au quotidien, il observe le monde depuis sa carlingue et se dit que finalement, après son passé douteux et la fumette de temps en temps, il est maintenant plutôt rangé avec ce métier. Il a réussi tant bien que mal à échapper à sa condition. Petit frère, c’est un infirmier qui a toujours eu le nez dans les bouquins et est parti en Syrie dans une organisation humanitaire musulmane. Il n’a plus donné signe de vie depuis trois ans. Et ça, ça occupe pas mal l’esprit de Grand Frère.

Des retrouvailles pleines d’interrogations

Forcément, quand le Petit frappe à la porte du Grand après toutes ces années de silence, ça remue pas mal le passé et aussi les interrogations. Pourquoi est-il parti ? Pourquoi est-il revenu ? Que s’est-il passé pendant  ces années ? Ce n’est pas si simple à raconter. Et finalement peu importe, juste après les attentats de 2015 à Paris, quiconque part en Syrie ne peut espérer revenir en France et vivre normalement, comme si de rien n’était. Alors ils vont imaginer s’enfuir tous les deux, pour une autre vie. La famille, c’est sacré. Même si on ne sait pas exactement ce que l’autre a fait ou va faire, on a envie de croire en un futur meilleur…

Le fait d’être dans les pensées d’un frère ou de l’autre maintient le suspense et nous les rend sympathiques l’un comme l’autre. C’est un vrai roman à la fois social, psychologique et qui prend des allures de thriller. La fin m’a complètement bluffée !

« Avant, même la police oubliait de me vouvoyer. Ca me rendait dingue. La pire position d’esclave, c’est quand un inconnu vous tutoie et que vous êtes obligé de le vouvoyer. Les règles qui s’écrivent pas sont les plus dures à abolir. »

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