Le quotidien d’une geisha en 1930
Ecrit sous la forme de mémoires, ce récit permet de nous plonger dans le quotidien d’une geisha dans le Japon des années 1930. Ces dames de compagnie raffinées divertissent une clientèle très aisée. A travers l’expérience de Sayuri, vendue par ses parents à l’âge de 9 ans, on découvre comment une apprenti geisha se forme et augmente ses chances de devenir célèbre. Pour cela, il lui faut devenir une danseuse émérite, pratiquer toutes formes d’arts, chanter, jouer divers instruments, apprendre à se tenir, à converser et à divertir les hommes. Etrangement, à côté de toutes ces qualités, elle est incapable de se coiffer ou de s’habiller seule. Elle se rend ainsi chez le coiffeur chaque semaine et, pour ne pas abîmer sa coiffure ô combien élaborée, dort sur un takamakura (support pour la nuque) aussi dur que la pierre.
Elle est très superstitieuse et consulte son almanach pour un oui ou pour un non. Qu’il s’agisse d’acheter des chaussures ou de connaître le moment pour se lier à un autre. La geisha est aussi friande de cérémonies : celle du thé, celle qui unit le danna (son protecteur) à la geisha ou deux geishas entre elles quand elles deviennent soeurs.
« Nous savons qu’un paysage d’hiver, avec des arbres couverts de neige, sera méconnaissable au printemps. Toutefois, je n’avais jamais pensé qu’il pouvait en être de même pour nous, humains. Quand j’appris que mes parents étaient morts, ce fut comme si j’avais été ensevelie sous une grosse couche de neige. Mais avec le temps, la neige avait fondu. A la place apparaissait un paysage que je n’avais jamais vu, ni même imaginé. A la veille de mes débuts, j’étais comme un jardin où de jeunes pousses commençaient à percer. On ne savait pas encore à quoi elles allaient ressembler. Je débordais d’excitation. Au milieu de mon jardin imaginaire se dressait une statue : celle de la geisha que je voulais devenir. «
La geisha aujourd’hui
Sayuri deviendra parmi les geishas les plus célèbres au monde, un métier aujourd’hui beaucoup moins répandu. J’ai trouvé ce détour dans les maisons de thé de Kyoto fascinant et très poétique. De plus, j’ ai suivi avec plaisir l’évolution de Sayuri (alias Chiyo) avec ses doutes et ses peines, ses déceptions, rivalités et stratagèmes. Au final, la geisha est une artiste qui pratique les arts japonais dans la plus pure tradition, bien loin de l’image occidentale de prostituée qui lui est parfois attribuée.