Il faut lire ce livre pour deux raisons : parce qu’il décrit l’immense amour d’une mère pour son fils. Et parce qu’il nous emmène voyager à travers les magnifiques paysages du Kirghizistan.
L’amour maternel plus fort que tout
Sibylle comprend qu’il est temps d’agir : son fils Samuel, en pleine crise d’adolescence, est en train de se détruire. Elle déploie des trésors d’imagination pour le sortir de sa torpeur, allant jusqu’à tenter le projet fou de partir plusieurs mois avec lui à cheval au Kirghizistan pour lui redonner le goût de vivre. Ce goût, elle aussi l’a perdu depuis bien longtemps, alors qu’elle avait tout pour réussir. Elle nous dévoile sa tragédie en se remémorant sa jeunesse au cours du voyage. L’amour maternel lui donne à présent des ailes et lui permet de trouver la force en elle pour empêcher son fils de sombrer. Parce qu’elle voit bien qu’il a cette haine et cette violence au fond de lui qu’elle ne s’explique pas, ou peut-être un peu finalement. Le père de Samuel a une image tellement fausse de son ex-femme qu’il rabaisse sans cesse. Elle est pourtant incroyablement courageuse.
Un voyage initiatique pour continuer à vivre
On explore avec ce duo la beauté des paysages et la culture de ce pays : les montagnes, les chevaux, les yourtes, l’hospitalité kirghize, … Une évasion qui n’est pas sans risque et constitue un mode de vie qui permet « d’aller vers l’autre » que Samuel finit par intégrer. Mère et fils passent de bons moments ensemble, même s’ils parlent très peu. Ils vivent des instants intenses dans la nature. Subvenir à leurs besoins, faire des rencontres et traverser de rudes épreuves constituent leur quotidien. Au début scotché à ses écouteurs, Samuel change progressivement. Même s’il conserve une douleur sourde à l’intérieur. Comme s’il ne voyait sa mère que comme telle et que dès lors qu’elle est autre chose – une femme, une épouse – ça le rend furieux.
« D’une certaine manière il a de l’admiration pour elle. Là, maintenant, pour ce qu’elle est, ce qu’elle fait, il serait prêt aussi à croire qu’elle l’aime assez pour avoir sacrifié une maison à laquelle elle tenait, en Bourgogne, et cette idée lui traverse l’esprit que tout ce qu’elle fait c’est pour l’aider lui, c’est par amour pour lui, et cet amour, soudain, il sent que c’est toute sa motivation, toute sa raison à elle d’être ici ; alors à ce moment-là, il est au bord de reconnaître qu’il est bouleversé, il pourrait, oui, s’il n’avait pas si peur d’avouer qu’il aime sa mère, s’il n’était pas effrayé à l’idée de l’aimer – lui qui sait si bien qu’aimer et accepter est plus difficile que haïr et rejeter »
En bref
Autant j’ai trouvé la première partie du roman assez laborieuse, autant la deuxième m’a véritablement enchantée. J’ai passé les trente dernières pages en apnée et en larmes, submergée par un flot d’émotions. Continuer, c’est donc un magnifique portrait de femme et de mère, des émotions qui vont crescendo et d’une rare intensité. C’est d’une beauté incroyable !