Immersion dans le monde ouvrier. A travers ses « feuillets d’usine » sans ponctuation, Joseph Ponthus nous offre un aperçu du monde industriel sous forme de vers. Il a trouvé un boulot dans une usine agroalimentaire en Bretagne, en attendant de trouver un métier dans sa branche. Il reconnaît sa situation précaire en tant qu’intérimaire balancé du jour au lendemain entre conserveries de poissons et abattoirs bretons. Mais il résiste car il a eu la chance de connaître une autre vie, pendant laquelle il était travailleur social, et puis il y a sa femme aussi qui le soutient. Et les chansons, les auteurs, entre Brel, Trenet et Labruyère qui le sauvent. Les collègues aussi.
« L’autre jour à la pause j’entends une ouvrière dire à un de ses collègues
« Tu te rends compte aujourd’hui c’est tellement speed que j’ai même pas le temps de chanter »
Je crois que c’est une des phrases les plus belles, les plus vraies et les plus dures qui aient jamais été dites sur la condition ouvrière
Ces moments où c’est tellement indicible que l’on n’a même pas le temps de chanter
Juste voir la chaîne qui avance sans fin l’angoisse qui monte l’inéluctable de la machine … »
Il profite des petits bonheurs simples de la vie, le dimanche, l’odeur de la mer … Ecrire, c’est pour lui un échappatoire pour tenir dans cette drôle de parenthèse de vie : le rythme effréné, les gestes répétés, les mycoses aux pieds, les risques encourus, …. Il traite tous ces sujets non sans humour, parce qu’il vaut mieux finalement en rire. A la manière d’une odyssée, il raconte sa vie ouvrière quotidienne pour ne pas sombrer et pour rendre un bel hommage à ces ouvriers, ces « gueules cassées ».
En pleine lecture, et j’adore. C’est beau, c’est fort, triste aussi souvent, mais vraiment exemplaire !
@GAELLE Tout à fait ! je trouve aussi que c’est vraiment bien écrit et une belle occasion de découvrir ce monde de l’intérieur