Paris, octobre 1918. Toussaint rentre chez lui retrouver sa femme Jeanne et leur petite fille qu’il n’a pas revu depuis 4 ans. Pendant ce laps de temps, ils se sont écrits, parfois. L’une des dernières lettres de l’homme étant « je veux que tu viennes pas ». Des mots douloureux qui hantent la fleuriste quotidiennement. Elle s’est habituée à son absence, comme tant d’autres femmes pendant la guerre. Pourtant, Toussaint ne revient pas des tranchées mais de l’hôpital du Val-de-Grâce, où il faisait partie des gueules cassées. Ce retour à la maison s’avère une épreuve pour tous, habitués à vivre éloignés et autrefois de manière joyeuse et légère.
Dans l’appartement, la blessure et le silence prennent toute la place. L’indicible ne peut être partagé et l’horreur racontée. C’est petit à petit que le trio va s’apprivoiser et réapprendre à vivre ensemble. Leur amour est plus fort que tout et le temps est indispensable pour à la fois s’accepter et affronter le regard de l’autre. L’homme aimé affronte comme tant d’autres des regards mélangés d’épouvante, de fascination et d’admiration.
Au vu de son sujet difficile, ce livre aurait pu être d’une noirceur absolue. Pourtant, l’auteur a décidé de le traiter avec beaucoup de pudeur et d’optimisme. Les mots choisis et la délicatesse de ce court roman nous transpercent et nous offrent un sublime portrait de femme et un magnifique récit rempli d’espoir.
« Les lettres se piquaient ça et là de fautes d’orthographes et de phrases boiteuses dont ni Jeanne ni Toussaint ne s’embarrassaient, car leur orthographe, leur grammaire témoignaient d’une ardeur, d’une fantaisie et d’une tendresse sur lesquelles la guerre, qui avait bouleversé tant d’aspects de leur vie, n’avait aucune prise. »
« Même si, d’un coup, Toussaint se mettait à parler, à lui raconter nuit et jour ce qui s’est passé, dans les tranchées comme à l’hôpital, ce qu’il a vu, ce qu’on lui a fait et comment il l’a vécu, cet espace lui échappera toujours. Un pan entier de la vie de cet homme est destiné à rester noir. Absolument imperméable. »
Merci beaucoup pour cette belle lecture !!
Angélique