« La certitude selon laquelle il nourrit le projet de la voir mourir est comme une présence à côté d’elle, un oiseau de proie au plumage sombre posé sur le bras de sa chaise. »
1560. Lucrèce est l’une des filles du grand duc Cosme 1er, régnant sur la Toscane. A 15 ans, alors que sa sœur décède soudainement, la voilà mariée à sa place à Alfonso, le duc de Ferrare. Bien qu’ayant reçu une éducation stricte et différente de sa fratrie, elle demeure au fond d’elle rêveuse et rebelle. Ce n’est encore qu’une enfant qui passe son temps à peindre et à dessiner. A mille lieues de ce que l’on attend d’elle : mettre au monde un héritier. Il en va de la survie de leur famille. Son mari est un homme puissant et érudit qui semble doux et attentionné avec elle. Peu à peu, elle découvre sa face cachée, celle capable du pire pour se faire respecter.
Maggie O’Farrell nous entraîne en pleine Renaissance italienne avec un talent incroyable. D’abord, avec un récit haletant qui alterne 3 périodes : 1561, alors que Lucrèce est persuadée que son mari veut la tuer, son enfance et l’année de son mariage. Et puis avec des mots sublimes, qui viennent habiller l’histoire avec beaucoup de sensualité et de sensibilité. Il y a quelque chose de très moderne aussi dans cette héroïne féministe éprise de liberté qui refuse d’être enfermée dans les carcans de l’époque. Enfin, la peinture semble être un personnage à part entière du roman, ainsi qu’une échappatoire dans tous les sens du terme.
Tout au long du récit, l’auteur d’Hamnet nous fait frémir et espérer aux côtés de Lucrèce et sa servante, amie et dévouée. Jamais elle n’est radicale et garde toujours un peu d’espoir et de romantisme. Sera-t-elle heureuse ? Parviendra-t-elle à échapper à son destin ? On a envie d’y croire jusqu’au bout. J’ai trouvé ce roman historique fascinant et surprenant.