De la forêt, Bibhouti Bhoushan Banerji

« Dans un tel paysage, on n’éprouve plus d’autre désir que de s’abandonner à ses pensées. L’attention se porte sur des sensations, une acuité nouvelles, et une conscience plus qu’humaine, infinie, comme surgie lentement des profondeurs de l’être. En prenant forme dans l’esprit, elle suscite une joie extrême. Comme si les battements paisibles du cœur se mettaient à l’unisson de chaque arbre et de chaque plante. »

Vous est-il déjà arrivé de ressentir les sensations décrites ci-dessus au contact de la nature ? C’est un sentiment incroyable qu’il est difficile d’oublier.

Ce roman est considéré comme l’un des premiers romans écologiques. Venu tout droit d’Inde, il y a été écrit en 1937. Son auteur et narrateur ont réellement vécu l’expérience décrite. Passer 6 ans en tant que régisseur dans une immense forêt indienne reculée afin de donner des terres en fermage à des paysans.

Progressivement se produit la transformation de ce jeune citadin éduqué et habitué des théâtres et sorties entre amis. Il devient une sorte de Robin des Bois qui distribue des terres à des personnes démunies. Par ailleurs, il éprouve une grande admiration pour ceux à qui la vie n’a pas fait de cadeau et qui se contentent de bien peu. Si au début il souffre de solitude, il se laisse vite captiver par la beauté des paysages et les silences de la nature. C’est paradoxal car il s’émerveille devant l’immensité de la forêt et il est chargé, d’une certaine manière, de la détruire. Cet environnement le pousse à s’interroger sur des thèmes toujours incroyablement d’actualité près de cent ans plus tard.

Ce roman largement autobiographique est très poétique et lyrique. C’est un hymne à la nature libre et sauvage, dénuée du passage de l’homme. Je l’ai beaucoup apprécié pour son immense sensibilité.

« Que veulent vraiment les hommes ? Le progrès ou le bonheur ? A quoi bon le progrès si le bonheur est absent ? J’en connais beaucoup qui ont progressé dans la vie, mais qui ont perdu le bonheur. A force de jouissance, l’acuité de leur désir et de leurs facultés intellectuelles s’est émoussée, et il n’y a plus rien qui leur apporte la joie. La vie leur parait monotone, une grisaille dépourvue de sens. Leur cœur devient dur comme de la pierre, l’émotion n’y pénètre pas. »

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