« C’était la première fois que j’utilisais l’imagination comme arme de défense et rien ne devait m’être plus salutaire dans la vie »
Voici le dernier roman que Romain Gary a écrit, où transpirent la liberté, l’imagination et l’amour. Et quel roman !
Ludo, le narrateur, rencontre Lila, une aristocrate polonaise, alors qu’il est adolescent. C’est le coup de foudre et il fera le nécessaire pour devenir quelqu’un et briller à ses yeux. Malheureusement, la Seconde Guerre Mondiale sépare les deux amants et Ludo entre en résistance dans sa Normandie natale. Aux côtés de son oncle et tuteur Ambroise Fleury, le doux pacifique et facteur timbré, célèbre pour ses magnifiques cerfs-volants, il œuvre pour son pays. En se faisant passer pour fou, comme le reste de sa famille, Ludo a l’excuse parfaite pour continuer ses activités clandestines. Il rêve beaucoup de Lila grâce à sa mémoire hors pair qui le sauve plus d’une fois et lui permet de tenir le coup.
J’ai adoré ce roman d’apprentissage où l’imagination permet de survivre au pire. Les personnages sont tellement haut-en-couleurs qu’on aimerait les rencontrer : Madame Julie, la vieille maquerelle, qui se prépare à l’occupation allemande en créant un réseau de résistants, Marcellin Duprat, qui défend coûte que coûte la cuisine française, sa manière de rester fidèle à la France, Ambroise Fleury, qui a toujours un petit grain de folie et de poésie avec ses cerfs-volants à l’effigie des plus grands. Chacun à sa manière rêve de liberté et se bat pour la France telle qu’il se la représente.
Ce roman d’apprentissage est un immense coup de cœur qui m’a fait penser à De grandes espérances de Dickens et Veiller sur elle de Jean-Baptiste Andrea pour leur histoire d’amour.
« Il est parfaitement évident qu’un homme qui a voué toute sa vie aux cerfs-volants n’est pas dépourvu d’un grain de folie. Seulement se pose ici une question d’interprétation. Il y en a qui appellent ça « un grain de folie », d’autres parlent aussi d’« étincelle sacrée ». Il est parfois difficile de distinguer l’un de l’autre. Mais si tu aimes vraiment quelqu’un ou quelque chose, donne-lui tout ce que tu as et même tout ce que tu es, et ne t’occupe pas du reste…. »
« C’était un homme qui ne savait pas désespérer, et ceux parmi nous qui n’attendaient d’autre délivrance que la mort se sentaient humiliés et presque défiés par une telle force d’âme »
Coucou ! J’ai aussi adoré ce roman, avec des personnages très incarnés. C’est même le premier que j’ai publié sur mon blog en 2012 <3
@Lybertaire Je viens de lire ton avis et de saisir ton engouement pour ce livre ! C’est vrai que c’est assez paradoxal que ce roman, le dernier avant son suicide soit si lumineux. Mais quelle beauté dans chaque page !