livre appelez moi cesar

Appelez-moi César, Boris Marme

Eté 1994. Une bande d’adolescents part en colo en montagne où survient un accident resté tabou pendant 25 ans. Etienne, l’un d’entre eux, décide de raconter ce qu’il s’est passé cet été-là et qui l’a bouleversé à jamais.

Dès le début, Etienne, venant d’une banlieue aisée, se sent un peu effacé face à ce groupe de lycéens de banlieue. Une folle énergie s’en échappe, de la franche déconnade et de l’envie de se dépasser toujours plus pour sortir du lot et triompher. Tous débordent d’imagination, parlent de changer la société et n’accordent de valeur à rien.

Etienne revit un à un ces jours pour tenter de comprendre comment tout a basculé. La plupart des personnages sont charismatiques et les sentiments éprouvés à l’adolescence relativement complexes et bien décrits. Le récit très prenant nous entraîne dans un engrenage où les tensions et le danger sont palpables.

Ce roman initiatique nous fait ressentir une certaine noirceur et en même temps il déborde de vie jusqu’au drame. Il me rappelle par certaines aspects Sa majesté des mouches, quand la sauvagerie dépasse l’humanité. Cette bande de jeunes n’est pas mauvaise, à l’exception d’une personne, suffisante pour changer la donne. Et le regard avec beaucoup de recul de l’un d’entre eux augmente la gravité de la situation et le poids de la culpabilité accumulée pendant toutes ces années. Un roman sur l’adolescence et l’influence des autres loin de nous laisser indifférent !

« En trois semaines, au cœur du groupe, j’ai bien plus appris et détruit qu’en plusieurs années. Apprendre, c’est détruire, c’est conquérir. Emporté avec les autres, dans le mouvement puissant du groupe qui s’est mis en branle et qui a roulé de blagues en conneries inacceptables, nous avons dévalé la pente comme un rocher furieux jusqu’à la chute. »

« On était là pour jouer, triompher, exister. Il y avait une place à prendre à chaque exploit pour la perdre aussitôt, détrôné par un autre, ça n’avait pas d’importance. L’intérêt était de surmonter le défi, de se surpasser – quelle limitée n’avons-nous pas défoncée ? Aveuglément ! -, toujours plus loin, toujours plus fort, coiffer les autres au poteau, les humilier, goûter quelques instants la victoire, se prendre pour le boss, le héros, l’empereur. Nous devînmes très vite un petit groupe de Césars en puissance. Prétention dérisoire. Oui, tant que cela restait un jeu. »

Ce livre fait aussi partie des finalistes du prix Horizon du 2ème roman pour la sélection 2024.

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