J’ai eu envie de lire ce livre après avoir vu le film l’ombre de Staline qui dévoile l’Holodomor, un crime méconnu du régime communiste : il s’agit de l’extermination intentionnelle des Ukrainiens par la faim pour enrichir l’Union Soviétique de 1931 à 1933. En dévoilant ce pan de l’Histoire, le journaliste gallois Gareth Jones inspire en quelque sorte le récit d’Orwell qu’il rencontre, puisqu’il donne son nom au fermier protagoniste de la Ferme des Animaux.
Les dangers des manipulations de la pensée
Orwell y dénonce les dérives des totalitarismes et les dangers des manipulations de la pensée à travers une fable. Les animaux d’une ferme, suite au discours de Sage le cochon, renversent le cours des choses et prennent possession de cette ferme. Désormais, tout deux pattes est un ennemi. A noter que tous les animaux sont égaux, mais certains, plus que d’autres. Au début, tout le monde est logé à la même enseigne. Rapidement, les cochons s’attribuent la meilleure nourriture et la maison en faisant croire aux autres qu’ils en ont besoin pour réfléchir. Et les autres de croire tout ce qu’on leur dit car ils sont bien moins instruits. La manipulation de la pensée, perverse, rend les cochons aussi « lamentables » que les humains pour en imposer aux autres. Bientôt, on ne les distingue plus des hommes. Seuls les chevaux, animaux les plus intelligents après les cochons ont encore la mémoire assez longue pour se souvenir de ce qu’il y avait avant. Quant aux moutons, ils soutiennent évidemment Napoléon, allégorie de Staline, sans se poser de questions.
Une fable sur la dictature
La comparaison avec le réel est flagrante : un dictateur émerge et incite le peuple à travailler sans relâche ; il leur promet une vie meilleure pour les maintenir dans cette utopie. On peut alors s’interroger : qu’est-ce qui différencie les hommes des animaux, si ceux-ci ne parviennent pas à trouver un système qui ne soit pas basé sur la force et la violence ? Ici, animalisme et communisme se confondent pour mieux tenter d’expliquer les traits humains à travers chaque espèce animale. C’est hautement symbolique, court et très habile.