La petite-fille, Bernhard Schlink

« J’essaie d’écrire un livre. Sur moi, sur qui d’autre sinon ! Qui étais-je à l’époque ? Etais-je trop inachevée pour assumer la responsabilité de mon enfant et ai-je bien fait de la céder à d’autres ? Ai-je été trop égoïste ? Ma vie à l’Ouest doit-elle compenser ce que j’aurais pu être à l’Est pour l’enfant ? C’est tout cela que je veux exhumer en écrivant. Je veux m’exposer à mon propre tribunal – et lui tenir tête. »

En 1964, Birgit abandonne la fille qu’elle a mis au monde secrètement en Allemagne de l’Est, où elle a toujours vécu. Elle s’enfuit clandestinement à l’Ouest avec Kaspar, son amoureux, qui n’en saura jamais rien. A la mort de Birgit, quarante ans plus tard, Kaspar découvre ce lourd secret et décide de retrouver cette enfant, Svenja. A sa grande surprise, cette fille a épousé un néonazi et ils ont une fille nommée Sigrun. Il a donc aussi une petite-fille devenue adolescente. Il n’est pas facile de se rapprocher de cette nouvelle famille aux idées bien différentes des siennes. Pourtant, avec une grande ouverture d’esprit, Kaspar partage des moments intenses avec cette adolescente besogneuse et avide de connaissances. Sans juger ni s’imposer, il lui donne à voir un autre monde. Celui de la littérature, de la musique et de la poésie.

Ce livre magnifique raconte avant tout une relation grand-père-petite-fille bouleversante. Et combien le pouvoir universel de la culture peut rapprocher des êtres en apparence différents. Il traite aussi de la difficulté à trouver sa place dans la société, notamment quand on a été déraciné ou que l’on a dû faire face à la maternité. Il est intéressant de noter les différences de culture et de croyance entre Allemands de l’Est et de l’Ouest, même après la Chute du mur de Berlin.

J’ai davantage préféré la deuxième partie du roman qui raconte les retrouvailles entre Sigrun et son grand-père, avec ce qu’il faut de rapprochements timides pour s’apprivoiser. Les sentiments décrits sont aussi très justes et jamais convenus. Kaspar m’a émue par sa pugnacité et son courage en cherchant à triompher par la culture. C’est un hymne à la culture rédemptrice et à la transmission des générations.

« Comment échappe-t-on aux autres ? En vivant résolument sa propre vie. N’ai-je pas vécu ma vie assez résolument ? »

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