A partir d’une photo de classe – pourquoi pas la vôtre – qui constitue le fil rouge de cet essai philosophique, Marianne Chaillan nous interroge. Que sont devenus nos anciens camarades ? Ont-il choisi leur avenir ou tout était-il déjà déterminé à l’avance ?
Son récit démarre avec le célèbre professeur Keating du Cercle des Poètes disparus que nous aurions tous secrètement adoré avoir. Après cette lecture, j’avoue avoir souhaité aussi Marianne Chaillan comme prof de philo au lycée.
L’auteure convoque la philosophie et multiplie les références culturelles pour nous expliquer de manière simple et efficace comment devenir les auteurs de notre vie. Aragon, Cocteau, Sénèque, Marc Aurèle … tous ont quelque chose à nous apprendre sur l’existence.
J’aime beaucoup la notion de liberté des stoïciens qui ne luttent pas vainement contre ce qu’ils ne peuvent changer. La pensée de la nécessité me paraît aussi redoutable pour se libérer. Quant à la conception de Sartre qui refuse les déterminismes, elle me plait aussi beaucoup. Il clame que l’on existe vierge de tout et que l’on peut être qui l’on veut. Ce qui en embête plus d’un, persuadé qu’accuser les autres, le destin ou encore ses origines est toujours plus facile que de s’accuser soi-même. Évidemment, il n’y a pas que la volonté et le destin qui dessinent notre avenir. Il existe aussi moult injonctions et menaces de notre autonomie de pensée par le numérique. Tout ceci nous laisse tout de même une grande part de liberté pour écrire et déterminer notre futur.
A la fin de cet essai, on a envie de faire le récit de sa vie et d’interroger ses proches sur la leur pour se souvenir. J’ai adoré les chapitres sur la tragédie de la liberté et les 1001 nuits.
J’ai découvert Marianne Chaillan en me formant aux ateliers de philo pour les enfants. Son essai me fait penser à ceux de Charles Pépin qui vulgarise aussi la philosophie tout en nous faisant réfléchir profondément. On en ressort toujours grandi et plus éclairé. Un vrai petit bonheur de lecture.