« A 27 ans, Miranda semble appartenir à un drôle de club : celui des enfants qui n’ont manqué de rien sauf de cette joie pure, essentielle, que certains ressentent du seul fait d’être en vie. »
Armand et Birke sont des comédiens aussi extravagants et joyeux que leur fille Miranda est effacée et blasée. D’emblée, on entre dans la tête d’Armand qui aime profondément sa fille, même s’il la voit comme « une ombre légère au tableau radieux de [s]a vie ». Il lui arrive d’être dépressive. Mais tout ça c’est fini quand elle rencontre Swan, un comédien médiocre et vaniteux. Il semble pourtant la rendre heureuse. Les déjeuners hebdomadaires père-fille permettent de se rapprocher et d’échanger. Quant à Birke, elle demeure froide et distante vis-à-vis de sa fille comme elle l’a toujours été.
La deuxième partie du roman nous fait découvrir avec stupéfaction les pensées de Miranda. Elles sont en totale opposition avec l’image qu’a le père de sa fille. On perçoit son mal-être et sa souffrance permanente. Ses vices. L’humanité qui l’épuise et l’afflige, de même que ses étranges pouvoirs prémonitoires et télépathiques vécus comme une malédiction. Son empathie excessive semble insupportable et l’empêche de vivre. Sa détresse et son malheur transpirent. Décidément, Miranda n’arrive pas à être heureuse. Elle se compare à ses parents qui l’étaient dès l’enfance, alors qu’elle n’a jamais réussi à l’être. Comme Kurt Cobain et ses acolytes partis à 27 ans, elle ne se voit plus continuer ainsi.
Ce livre qui nous plonge au cœur du monde du théâtre est fascinant, dérangeant et effrayant à la fois. Il recèle des secrets honteux, un mal-être ambiant, un peu d’immoralité et de l’amour malgré tout. Un amour authentique père-fille qui ne suffit pourtant pas, puisque l’incompréhension demeure. Il nous interroge : Qu’est-ce que c’est aujourd’hui d’être un parent responsable ? Que transmettons-nous à nos enfants ? Comment accompagner un enfant hypersensible ? Et nous met une claque monumentale.